Esquisse du projet "La CST et les jeunes"

pour Henri Ostro, version 24 juin 2007


Voilà le début pour la période préhistorique :

On avait parlé des points suivants (pour l’instant c’est un peu centré sur ANSTJ et ses satellites et il faudra élargir…

- période 1962 - 1966 (PJ Dubost est toujours très actif avec nous et est un acteur clef de l'époque) : institutionnalisation des clubs fusées en parallèle avec la mise en place du CNES, formation de l'ANCS : Association Nationale des clubs scientifiques pour éviter la fabrication de moteurs à poudre par des gamins...

- période 1966 - 1971 (JCGuiraudon est l'homme mémoire de la période et un peu plus tard Jean Pierre Trillet) : tentative de mise en place en plus de l'ANCS (réservée aux fusées) d'un Fédération nationale des clubs avec le Club jean Perrin, les Jeunes Naturalistes (AJNF et AJNF-Volcans), l'OPI Entomologique, l'AFAE ... (fondation en 1968, présidé par Jean Rose du Palais, avec JCG, Jean Meunier du Muséum... Michel Briantais) Création des Centres de vacances scientifiques en plus des campagnes de lancement de fusées (La courtine..). Premières tentatives internationales (Youth and Space).

- 1971-1973 (la période où moi, je viens d’arriver avec Jean Marc Salomon, juste un peu après Guy Préaux): relatif échec de la mise en place Fédération NCS (difficulté à réaliser une alliance des différentes structures déjà fédératives, échec de la créa de la Fédé des Clubs et assoc de géologie...)

- 1973-1975 : Réorientation vers la mise en place de l'ANSTJ (ce ne sera plus une fédé inter-association nationales, mais un réseau avec volonté de faire naitre des délégation régionales un peu partout. Institutionalisation des Journées d’études dans les différents domaines, mis en place d’un CIC, Développement de relation avec les pédago de la pédagogie active (INR(D)P : Host, Dumf...Classes transplantées, BAFA, Ecoles d’été pour les profs (relations renforcées avec le monde des écoles normales et de quelques labos de recherche, avec F. Wyns puis G. Gautier et MA. Ducrot, création du Groupe « E » pour l’environnement, création avec JMS de la CCA pour les clubs d’astro et de la revue Info astro. Création de la pédago de l’astro expérimentale par hybridation des idées de « projets fusées » au champ plus scientifique de l’astro, Création du secteur « énergies » (alternatives, renouvelables, douces…)avec GG et MAD avec OLV

- 1975-1979 : développement pégago (OLV et FW avec JPT) et formalisation administrative de l’ANSTJ (GP et P Quetard), co-prod des camps de Chamaloc avec la SAF (OLV), rapprochement avec le CLEA (1976, UAI Grenoble, école d’été Obs de Besençon) création du secteur robotique avec GG, première idées de développement des idées de salles de découverte avec le Palais (JCG), mise en place d’une politique régionale et internationale avec JMS, Lancement des campagnes nationales astro. Développement expérimental par des objets clefs (réseaux de diffraction, camion robot big track, tortue logo, image aérienne, télémesures, TFA 1001... cylindro parabole, rotor de savonius.., stéréo, images spot). Lancement du secteur télédetection et des écoles d'été imagerie aérienne (Nimes 1977 : OLV et FW, Grenoble 1979)...

Et ensuite on approche de 1981 et de la période « historique » plus connue.

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VERSION DU 20 AOUT 2009

 

De l’association nationale des clubs scientifiques
à l’association nationale sciences techniques jeunesse (1962 à 1977),
contribution à l’histoire de la coordination des clubs aérospatiaux et astronomiques.

Pierre Julien Dubost, Gérard Gautier, Jean-Claude Guiraudon et Olivier Las Vergnas
Association nationale des clubs scientifiques (devenue FNCS, ANSTJ, puis Planète sciences),

Article pour la Revue pour l’histoire du CNRS, aout 2009

(actuellement 25 000 caractères, soit 3000 de trop.
4000 à enlever chez JCG et 1000 à ajouter pour OLV)

 

Préamuble : Nous sommes dans les années qui suivent la fin de la deuxième guerre mondiale,  où apparaissent en France les premières manifestations en matière culture scientifique et technique orientées vers l’espace et l’astronomie. Elles émanent de jeunes élèves ingénieurs passionnés par ces nouvelles disciplines, ils souhaitent prolonger par la pratique leurs enseignements en construisant eux-mêmes, non sans risques, leurs petites fusées. C’est ainsi que naissent les premières bases des futurs clubs astro-spatiaux qui n’ont pas cessé de se développer depuis à travers différentes structures. C’est pourquoi notre revue se devait de donner la parole à ce secteur d’activités culturelles encore trop peu connu.
Henri Ostrowiecki, revue pour l’histoire du CNRS et  Association française d’astronomie,

Voici cinq décennies que la technologie humaine est capable de mettre en orbite des satellites. Durant ces cinquante années, ces nouvelles possibilités d’exploration de l’espace ont bouleversé la relation des terriens à leur environnement astronomique. Cette conquête de l’espace a déclenché beaucoup de réactions et de passion. A côté des professionnels du monde spatial, se sont développés des pratiques amateurs plus ou moins sauvages, plus ou moins savantes, plus ou moins profanes.  Tout un monde de constructeurs de fusées a vu le jour et s’est développé ouvrant un nouveau pan de clubs scientifiques jouxtant celui de l’astronomie.
Alors que, dynamisée à la libération par l’héritage de la résistance, l’éducation populaire française construit ses réseaux de MJC ou de , comment vont se structurer ces clubs, ni sportifs, ni artistiques  mais technoscientifiques ? (bout à continuer par OLV)  

Pierre Julien Dubost, fondateur en 1962 de l’Association Nationale des Clubs Scientifiques (ANCS) et Jean Claude Guiraudon, fondateur en 1968 de la Fédération Nationale des Clubs scientifiques (FNCS) toujours impliqués dans ces réseaux ont acceptés de nous retracer la période qui va de 1960 à 1977. Ils sont plus que des témoins de cette époque; ils en ont été les principaux  animateurs, en lien étroit avec le CNES et les Palais de la découverte. Pour les besoin de cet article, ils ont été interviewé par Gérard Gautier, animateur au sein de ces réseaux de clubs depuis 1973 et qui en a analysé, en tant qu’anthropologue la structuration interne (Gautier, 1989).

Entretien avec Pierre-Julien DUBOST,
fondateur en 1962 et premier délégué général de l’association nationale des clubs scientifiques

GG : Monsieur Dubost, pourriez-vous indiquer quel rôle vous avez joué dans la création de l’association nationale des clubs scientifiques ?
P-J.D : Dans l’immédiat après-guerre, j’étais professeur de mathématiques. C’est ainsi que j’ai eu connaissance de l’aventure de ces élèves de terminale que l’on avait embauchés durant la guerre en remplacement des professeurs manquants comme “tuteurs” des élèves plus jeunes... Ils avaient été, il faut bien le dire, laissés un peu seuls, et avaient élaboré durant ces quatre années toute une série de méthodes qui leur étaient propres. Ils ont été à la Libération remerciés sans qu'on s'intéresse jamais à leurs travaux…
GG : Donc, déjà à cette époque, vous vous intéressiez aux méthodes “alternatives” d’enseignement…
P-J.D :  A la didactique en général – j’étais loin de penser encore que je créerais un jour le Syndicat Professionnel des Métiers du Didactique – et le terme “médiation” n’existait pas encore ! Mais lorsqu’à la fin des années 50, à la demande du magnat de la presse Robert Maxwell, j’ai abandonné le professorat pour entrer chez l’éditeur Gauthier-Villars, c’était bien pour travailler dans ce domaine ! Je suis devenu directeur de la collection Les grands classiques des sciences et techniques, qui dans les années 60 se répartissait en trois sous-collections : Un savant dans le texte, Une invention dans le texte, et enfin une troisième, qui ne fut jamais publiée, Arts et techniques
Gauthier-Villars éditant notamment l'Académie des sciences, j’avais accès aux mémoires – et aux auteurs – scientifiques. Par ailleurs, j’étais depuis longtemps membre d’un réseau informel, en quelque sorte, qui partageait mes intérêts pour l’éducation scientifique. J'étais en particulier en contact avec le cybernéticien Louis Couffignal qui fut un temps responsable de l'Institut Blaise Pascal avant de devenir IS de physique.
Lorsque j’enseignais encore les mathématiques, j’avais fait la connaissance de Claude Métais, professeur d'anglais et Français libre, qui était depuis devenu Inspecteur Général pour l'enseignement des langues. J'étais également membre de l'Association des Ecrivains Scientifiques de France dont M. Penel, qui allait devenir plus tard Directeur adjoint du Palais de la Découverte, était alors le président. Par cette association, j'ai connu également François le Lyonnais.
Aux alentours des années 58-62, j’ai pris conscience que l'enseignement traditionnel des sciences échouait à rendre celles-ci attractives pour les jeunes, en raison de graves insuffisances : pour moi, les doutes, la capacité à se remettre en cause, qui interviennent sans cesse lors des recherches scientifiques, appartiennent entièrement à la science, et lui donnent ses valeurs éthiques, notamment une certaine humilité. Cette dimension me semblait totalement absente de l’éducation scientifique formelle.
J'avais déjà fait des propositions pour tenter de remédier à ce problème, par exemple celle d'introduire dans l'enseignement des sciences des cours d'histoire des sciences. Mais il m’est rapidement apparu qu’il était nécessaire d’aborder le problème en s’appuyant sur une pratique de l’éducation scientifique extérieure au système traditionnel, qui pourrait susciter des vocations, tout en respectant une dimension humaine et sociale.
Et puis j’étais également persuadé qu’il fallait introduire dans l’éducation scientifique des jeunes des pratiques issues du secteur de la production. Après tout, j'avais également été directeur de l'Ecole Supérieure de Perfectionnement Industriel, dont le président était Joliot-Curie et j’avais créé la Société d'Encouragement à la Recherche et à l'Invention, ainsi que la Société d'Encouragement au Progrès, dont le président actuel est un ancien pilote d'essai du Concorde.
Mes discussions avec mes différents contacts m’ont convaincu que ma prise de conscience était largement partagée. À partir de là, il semblait naturel de concrétiser notre volonté commune par la création d’une association, qui allait être l’ANCS
Une rencontre avec Christian Fouchet, ministre de l'Education nationale, et Maurice Herzog, Secrétaire d'État à la jeunesse et aux sports, nous a permis d’obtenir une petite aide de Jeunesse et sports, et surtout leur reconnaissance.
Nous avons bien sur commencé par regarder ce qui existait autour de nous. A cette époque, il existait les Clubs Jeunes Sciences, ainsi que les Clubs des Techniciens, avec M. Besset, mais ces organisations étaient dispersées. L’idée a été de leur proposer l’Association Nationale des Clubs Scientifiques comme cadre de rassemblement. C'est vers cette époque que j'ai fait la connaissance de deux personnes travaillant dans une agence de presse pour l'électroménager, <PRENOM ?> Mariaud et Roger Blauwart. Grâce à leurs compétences spécifiques, nous avons pu assurer l’aspect “publication” de l'association, sous forme de dépêches d'agences et de communiqués de presse, mais aussi un journal, qui n’a hélas connu qu’un seul numéro. Mariaud avait sa propre maison d'édition, où nous avons hébergé les bureaux de l’association. Claude Métais est devenu membre du conseil d'administration et le siège a été domicilié chez lui.
GG : Quels étaient les objectifs de la nouvelle association ?
P-J.D :  J'ai fait juste après sa fondation une intervention à l'UNESCO, où j'exposais nos finalités: « Créer une association indépendante de tout a priori, voulant être une aide pour les jeunes et les adultes qui s'efforcent d'agir librement et de comprendre le monde où ils vivent, en développant l'esprit scientifique ». J'ajoutais que le club était un lieu privilégié : les jeunes y apprennent la discipline de groupe, l'importance du rôle social, le respect et la considération de l'autre. Ils s'habituent à la mise en commun de leurs travaux, à la coopération et à l'union vers un même but. II y a une dimension humaniste et citoyenne. On est loin, dans le modèle du club scientifique, d'un enseignement des sciences sélectif, désincarné, loin du concret, du réel et de l'opératoire sans lien profond avec la vie pourtant marquée profondément par les applications de la science. J'écrivais dans le premier numéro de notre bulletin Les clubs scientifiques d'octobre 63 : « Chaque jour se creuse le fossé qui sépare « la science qui se fait » de la science qui s'enseigne [...] L'important ne réside pas uniquement dans la connaissance des résultats mais aussi dans le fonctionnement de l'esprit scientifique […] Eveillons la curiosité, dispensons le virus de la découverte. Que les feux allumés en surface croissent en étendue et agissent en profondeur ».
GG : L’ANCS est devenue rapidement, en partenariat avec le Centre National d’Etudes Spatiales, la co-organisatrice des campagnes de lancement de fusées expérimentales de jeunes… Comment ce tournant important s’est-il produit ?
A l'origine, notre démarche portait davantage sur la culture scientifique que sur la technicité. Mais notre conception de cette culture scientifique était particulière. Comme je l'ai mentionné, le monde industriel avait beaucoup à apporter à la didactique des sciences. Je pense à la démarche initiée à EDF par le Directeur financier de l’époque, M. Villardier, qui allait par la suite présider à la création du Secrétariat à la promotion sociale,. C'est l’époque du Décret sur la promotion sociale, sorte de Validation des acquis de l'expérience (VAE) avant la lettre, qui concernait surtout ce qu'on appelait les “ingénieurs maison”… Donc cette culture scientifique se colorait aussi d'objectifs sociaux.
Mais l'engouement du public de l’époque pour la recherche spatiale <mentionner SPOUTNIK ?> nous a en effet amené à prendre une orientation plus technicienne. Suite à plusieurs accidents où des jeunes qui avaient tenté de construire des propulseurs ont été gravement blessés, nous avons été sollicités par le CNES. C’est à ce moment-là <ANNEE ?> que j’ai fait la connaissance de Jean-Claude GUIRAUDON. Il était professeur à l'Ecole Centrale d'Electronique et avait créé avec ses élèves un club aérospatial. Nous avons organisé les premiers tirs de fusées expérimentales de jeunes à Sissonne, avant de les transférer à La Courtine..
(encadré : 8200 car)

L'ANCS se développe selon  un modèle négocié avec le CNES. En échange de la fourniture d'un propulseur à poudre de qualité professionnelle et d'une infrastructure de lancement sécurisée dans un camp militaire lors d'une campagne annuelle, les clubs développent le reste de la fusée, c'est à dire l'électronique et les expériences embarquées, c'est-à-dire des « projets d’expérimentation spatiale ». Une répartition des rôles et un encadrement qui va permettre des calendriers (stages projets, visites des projets, campagne d'été) et d'instituer des rituels (plan d'op avec PC tir… calqué des professionnels du CNES ). Plus tard viendra s'ajouter une échelle de progression (micro fusées et mini fusées, agrément). Equilibrant  des fonctions normatives et émancipatrices ce cadre va donner corps à la fois au niveau individuel (le participant), local (chaque club) et national  (ANCS et CNES).
(à compléter par OLV)

Entretien avec Jean-Claude GUIRAUDON, 
fondateur en 1969 et premier secrétaire général de la Fédération nationale des clubs scientifiques

GG : Jean-Claude Guiraudon, pourriez-vous indiquer quel rôle vous avez joué dans la création de l’association française des clubs scientifiques ? J-C.G : J'ai commencé à m'intéresser aux activités scientifiques de jeunes fin 1961 alors que j’étais professeur de physique à l'Ecole Centrale d'Electronique, lorsque mes élèves m’ont sollicité pour les aider à créer un club fusées dans l'établissement.

Il faut replacer cette demande dans le contexte particulier de la décennie 50-60, durant laquelle la conquête spatiale avait été largement médiatisée – pensez à Albert Ducroq ! Et l'intérêt de nombreux jeunes pour l'espace avait été rendu encore plus passionné par la compétition entre Américains et Soviétiques : le lancement de Spoutnik en octobre 1957 avait eu un énorme retentissement médiatique.
En France, des jeunes prenant modèle sur Esnault-Pelterie, Goddard, voire Von Braun, s'étaient mis à expérimenter sur des propulseurs de leur fabrication – une activité dangereuse, d’autant plus qu’ils travaillaient en général seuls, voire volontairement coupés des autres, selon le modèle du savant historique qui découvre tout, tout seul et cela souvent en opposition avec l’institution... L'enseignement traditionnel, n’accordant que peu de place à l’expérimentation, ne savait pas bien répondre à cette demande. Le club scientifique pouvait constituer un cadre de travail collectif où les jeunes pouvaient expérimenter en étant encadrés par des enseignants. C’est ainsi que se s’étaient installés dans les lycées à la fin des années 50, au sein du Mouvement Jeunes Sciences d’André Thirion, des “clubs laboratoires”, structures assez lourdes gérées par des professeurs éclairés.
GG : Vous n’étiez pas dans ce cadre ?
J-C.G :  J’étais en contact avec ce mouvement, mais il y a eu un changement de contexte dans les années 60 qui a fait que mon action s’est plutôt développée dans le cadre de la nouvelle ANCS créée par Pierre-Julien Dubost et Roger Blauwart
Des accidents graves sont survenus à plusieurs jeunes dont les propulseurs ont explosé. Les autorités en ont alors interdit la fabrication “sauvage”. Le Centre National d’Etudes Spatiales venait juste d’être créé et confié au Général Aubinière avec la mission d’encadrer l’activité de “fusées expérimentales de jeunes”.. La France sortait de l’après-guerre et son industrialisation croissante demandait de plus en plus d’ingénieurs et de techniciens qui nécessitait d’intégrer dans l’enseignement des activités expérimentales tout en popularisant les techniques. Au-delà de l’interdiction, le CNES a choisi  une démarche constructive et éducative, en proposant de fournir des propulseurs professionnels aux jeunes intéressés. Ceux-ci pourraient alors se concentrer sur les expériences embarquées à bord des “pointes” et aborder du même coup les questions techniques et scientifiques…
Le CNES ne pouvait ni ne souhaitait traiter directement avec de jeunes individuels. il cherchait à favoriser des clubs, mais il lui fallait un partenaire associatif qui puisse concerter et coordonner ceux-ci, organiser les contrôles techniques des fusées et surtout coopérer avec lui au plan national pour l’organisation des campagnes de lancement, qui devraient prendre place dans des camps militaires à des dates fixées.
Avec un modèle d’organisation plus légère de clubs déployés autour de l’école et dans les loisirs, l’ANCS répondait mieux à la passion commune d’un petit groupe. D’autre part, André Thirion, fondateur de Jeunes Sciences, a perçu la nouvelle organisation comme une tentative de mainmise de l’Etat sur ce secteur d’activités, et a refusé d’y participer. C’est donc l’ANCS qui a assuré cette mission. Le club de l’ECE, qui comportait le plus grand nombre de membres, s’est assez naturellement retrouvé à fournir l’équipe des premières campagnes de lancement, organisées à Sissonne puis à La Courtine, et je me suis progressivement mis à travailler de plus en plus dans le cadre de l’ANCS.
GG : Outre la coopération avec le CNES, avez-vous obtenu des soutiens des autorités ?
J-C.G : Oui, car Maurice Herzog, premier Haut commissaire à la jeunesse et aux sports, a chargé Maurice Troyes d’une mission d’information sur les activités de jeunesse à caractère scientifique et technique. Celui-ci a pris contact avec l’ANCS et lui a par la suite apporté un soutien sans faille. Après le décès de notre président Louis Couffignal en juin 1966,  nous avons eu l’idée avec Roger Blauwart de réorganiser les activités sous forme fédérative : chaque domaine serait une association, et les diverses associations seraient fédérées au sein d’une Fédération Nationale des Clubs Scientifiques, la FNCS. Nos partenaires officiels, le CNES et Jeunesse et Sports ont soutenu cette réorganisation. L’ANCS est alors devenue l’Association Nationale des Clubs aéroSpatiaux – petite astuce permettant de conserver le sigle.
Le CNES nous a aussi aidé à obtenir d’autres soutiens. Ainsi Elise Blosset, responsable de la communication au CNES, a pris contact avec le nouveau Directeur du Palais de la Découverte, Jean Rose, qui venait de créer le Club Jean Perrin. En février 1968, c’est au Palais qu’a été inaugurée par le Directeur de la jeunesse la première Expo-Sciences française où de jeunes membres de clubs venaient montrer leurs projets. Suite au succès de cet événement, M. Rose a accepté la présidence de la FNCS, avant de créer au sein du Palais début 1969 une Section Sciences Jeunesse englobant le Club Jean Perrin et la FNCS. J’ai pris la responsabilité de cette nouvelle section avec Michel Briantais, responsable du Club Jean Perrin, tout en demeurant secrétaire général de la FNCS, dont le siège social a été transféré au Palais.
A noter que cette Section Sciences Jeunesse a été dotée d’un Comité scientifique ad hoc, où le CNES était représenté par Michel Bignier, Directeur des relations internationales du CNES <vérifier si c’était déjà son poste>.
Le CNES a hébergé dans son pavillon au Salon du Bourget un stand présentant les fusées de jeunes. Celui-ci a connu un moment historique avec la visite du Général de Gaulle en juin 1967 ! Elise Blosset a aussi sollicité le président de la société Matra, M. Lagardère, pour qu’il prenne la présidence de l’association. Intéressé, mais manquant du temps, il a proposée cette mission à Pierre Quétard, Directeur de la division Espace. Celui-ci, qui venait de réussir le lancement du premier satellite français Asterix avec la fusée Diamant, s’est passionné pour l’idée. Arrivé en 1969, il est demeuré président de l’association durant 31 ans, soit jusqu’en  2000 !
GG : Pour les activités et la pédagogie, quelles étaient les orientations de la nouvelle association ?
J-C.G : En fait, à partir de ce moment, il y a eu formellement deux associations, l’ANCS étant membre de la FNCS. Mais elles travaillaient ensemble et avec les mêmes volontaires, au point qu’il m’est maintenant parfois difficile de faire la distinction…
L’ANCS s’est concentrée sur le secteur aérospatial, au travers d’une convention avec le service Jeunesse du CNES, animé par Marcel Lebaron. Une équipe nationale bénévole chargée d’assister les clubs et de veiller à la qualité des pointes pour la sécurité des campagnes de lancement a été mise en place. La démarche privilégiait la notion de projet collectif avec répartition des tâches entre les jeunes, un modèle qui devait encore une fois beaucoup à l’industrie spatiale.
Cependant, le nombre des clubs aérospatiaux n’a pas augmenté comme nous l’aurions souhaité, il s’est stabilisé autour d’une trentaine. Cela nous a amené à nous poser le problème de la formation de jeunes animateurs de clubs. C’est ce qui nous a amené à organiser des camps d’été “Espace”, le premier ayant pris place dès 1967 au Larzac – alors juste abandonné par les militaires.
La FNCS a développé des activités en astronomie  – l’Association Française d’Astronomie Educative présidée par Pierre Bourge, qui s’était déjà rapprochée de l’ancienne ANCS, a été la première à entrer dans la nouvelle fédération – mais aussi en géologie et en entomologie, coordonnées à partir du Muséum d’histoire naturelle et les clubs de minéralogie, paléontologie et de géologie comme la SAGA. Le premier camp scientifique d’été, organisé en 1969 en collaboration avec le Comité d’Entreprise d’EDF-GDF, a concerné ces trois domaines. Ce secteur des camps scientifiques s’est développé au début des années 70 avec le rajeunissement des tranches d’âge : après tout, le club Jean Perrin accueillait déjà toute l’année des 10-12 ans.
Puis, sur incitation de M. Troyes, nous nous sommes rapprochés des grandes associations d’Education Populaire pour y renforcer des pratiques scientifiques et techniques. Le secrétaire général des Francas, Denis Barnet a été intéressé, et à partir de 1972, nous avons commencé à intervenir dans les formations d’animateurs des FFC à Port-Mort.
Dans le secteur scolaire, nous sommes aussi intervenus dans les classes transplantées, suite à des formations d’instituteurs organisées en lien avec les Ecoles normales.
La FNCS a contribué en 1970 à l’Année Mondiale de l’environnement, qui a donné le coup d’envoi à l’ère de l’écologie, en organisant avec le Muséum d’histoire naturelle une “école d’été” au terrain militaire de  La Courtine. Ce secteur d’activité a été fécond, puisque plus tard, en 1975, les travaux du CNES nous ont permis d’aborder un nouveau thème, la télédétection, que nous avons utilisé comme passerelle transdisciplinaire entre espace et environnement, au travers de stages de formation “photographie aérienne”. Le premier a été organisé pour des instituteurs, des IDEN et des PEN à l’été 1975.
GG : Le développement de ces nouvelles activités a dû nécessiter le développement de l’organisation : locaux, permanents… ?
J-C.G : FNCS et ANCS ont continué à fonctionner uniquement en bénévolat jusqu’en 1972. C’est après la conférence Les Jeunes et l’Espace, organisée cette année-là dans la nouvelle INJEP de Marly-le-Roi que nous avons envisagé d’embaucher des animateurs permanents. Les premiers ont été des animateurs “Espace”, mais à partir de 1974, nous avons recruté des animateurs pour d’autres secteurs d’activité : astronomie et environnement, issus du club d’astronomie de la Sorbonne, l’AAPS, et de l’établissement agricole de Neuvic.
Cette équipe étoffée nous a obligés à rechercher des locaux hors du Palais de la Découverte, où notre bureau devenait trop petit. Grâce au soutien de la municipalité de la ville de Ris-Orangis, nous avons pu en 1974 nous y installer dans un Mille-Clubs qu’elle a mis à notre disposition.
Grâce à nos activités dans le domaine périscolaire – classes transplantées, ateliers “10%”… – nous avons alors obtenu l’agrément de l’Education nationale, et participé à des recherches de l’INRP. Il y a eu une convergence immédiate avec la pédagogie de l’éveil qui se développait alors. C’est encore en 1975 que nous avons obtenu l’agrément BAFA pour former nos animateurs de camps scientifiques dans des stages pluridisciplinaires…
GG : Que sont devenues l’ANCS et la FNCS ?
J-C.G : L’ANCS est devenue l’Association Nationale Sciences Jeunesse (ANSTJ) en 1977 – et elle a à cette occasion absorbé la FNCS… et l’ANSTJ est devenue Planète Sciences en novembre 2002.
(encadré 11 400 car)

L’ANCS propose aux clubs aérospatiaux un modèle comparable à certaines fédérations sportives, sans pour autant constituer un système compétitif : la fusée s'évalue d'elle-même par le succès de son vol à la campagne. Nul besoin d'y ajouter de la compétition via des classements. C’est ce modèle que les passionnés d’astronomie de l’Association astronomique de Paris en Sorbonne (AAPS, formée dans les locaux de la coupole de la Sorbonne par le petit noyau du Club Astro du lycée Louis-le-Grand), ayant découvert l’intérêt du développement de projet pour donner un sens aux activités des clubs (Las Vergnas et al. 1975, 1977) vont tenter de transposer à la pratique de l’astronomie. Rejointe en 1972 via le Club Jean Perrin la FNCS leur permettra (lors des journées d’études de Marly-le-Roi en 1973) de lancer le modèle des « manips astro » puis de camps projets, et plus tard (cf partie de cet article à paraître ANSTJ 1977-2000) arriver à transposer une « campagne nationale des projets astro ».

Pour ce qui est de pratiques de l’astronomie, la question centrale est la démarcation entre quatre pôles d’activités potentielles pour les passionnés.
- l’activité « curieux du ciel » (groupe Ciel des CEMEA),
- la « construction d’instruments » (P. Bouge à l’AFAE et J. Texereau à la SAF)
- l’appui aux observations systématique des professionnels (AFOEV ou étoiles doubles type P. Couteau, voire surfaces planétaires  avec les commissions de la SAF) et
- des manips plus ou moins pédagogiques ou émancipées (du GEOS d’A. Figer et M. Dumont aux manips F. Sèvre puis AAPS puis Chamaloc).

Conclusion à compléter par OLV et annonce plus formelle de la future parution de la deuxième partie de cet historique

 

où il rencontreront entre autre Michel Dumont (GEOS) et surtout François Sèvre (ITA à l’IAP),