Olivier Las Vergnas
DIFAP, CSI, novembre 1998
article pour AFP
la cité des métiers : de la plate-forme d'information
et de service à la passerelle culturelle
1. Réduire l'exclusion
technologique plutôt que l'amplifier
Dans nos sociétés
démocratiques, une des questions clé des politiques culturelles est celle de la
lutte contre les inégalités. Cette question devient même cruciale lorsque sont
construits ou aménagés d'importants bâtiments destinés au plus large public,
comme des grands musées ou bibliothèques publiques. Si l'on n'y prend garde,
ils peuvent finalement se révéler n'être fréquentés que par ceux qui ont déjà
l'habitude et la pratique de tels lieux. Leur résultat social est alors
l'inverse de celui souhaité : ces établissements fonctionnent comme
machines à renforcer les inégalités culturelles au lieu de les réduire. Face à
ce risque, comment s'assurer qu'un équipement va effectivement être utile à
l'ensemble des catégories de public, voire même plus particulièrement à celles
qui présentent le plus de risques d'exclusion ? Sa politique d'ouverture aux
divers groupes scolaires et son implantation géographique sont bien sûr
déterminants, mais la nature même de son offre l'est plus encore ; la prise
en compte des préoccupations de tous les publics visés dans sa conception est
alors essentielle.
2. Faire le lien entre culture
technique et avenir professionnel
Lorsque qu'il s'agit d'action
culturelle scientifique, technique et industrielle (STI), le risque est
particulièrement fort de renforcer les inégalités. Il n'est malheureusement pas
rare de devoir constater a posteriori que telle action ou tel équipement conçu
pour tous les publics n'a finalement touché que ceux qui étaient déjà les plus
passionnés et les plus culturellement nantis. Ne reste alors qu'à regretter
d'avoir accru les disparités, voire amplifié l'élitisme technologique. Si l'on
se fixe au contraire comme priorité de réduire l'analphabétisme technique et
scientifique, l'offre que l'on propose doit toucher aussi (et sans doute
surtout) les publics qui ne fréquentent pas naturellement de lieux de culture
STI. Quelle doit être sa nature pour qu'elle puisse amener ces publics, ceux
qui n'y viendront pas par simple curiosité, à se préoccuper des évolutions STI
? Répondre à cette interrogation implique de partir des préoccupations
individuelles . S'impose alors de traiter de la vie professionnelle, qui a
l'évidence est l'un des domaines où chacun d'entre nous est confronté, soit
directement, soit par ses proches, aux effets des évolutions STI.
3. Aider à devenir plus acteur
de sa vie professionnelle
C'est cette analyse qui a
conduit, en mars 1993, la Cité des Sciences et de l'Industrie (CSI) a ouvrir en
association avec les principaux partenaires de l'insertion de l'orientation et
de l'évolution professionnelle, la "cité des métiers". Cet espace
d'information et de service de 600 m2 est destiné à rendre ses usagers
"plus acteurs de leur vie professionnelle" et les aider ainsi à mieux
se situer dans les évolutions qui modifient la vie professionnelle, les métiers
et la nature même du travail. Il s'inspirait d'un lieu déjà existant dans la
CSI, le "passage des métiers" qui fonctionnait déjà depuis plusieurs
années en partenariat avec l'ANPE et le CIO inter jeunes.
Depuis plus de cinq ans, cette
cité des métiers accueille une moyenne de mille deux cents usagers par jour
(soit au total plus d'un million cinq cent mille entrées). De larges enseignes
leur proposent le menu des cinq fonctions essentielles du lieu :
"choisir son orientation, trouver un emploi, trouver une formation,
changer sa vie professionnelle, créer son activité". Sous chacun de ces
intitulés, quatre types complémentaires de ressources sont proposées en libre
usage : des conseillers qui informent et conseillent sans rendez-vous,
quatre milliers de documents, ouvrages et revues, une quarantaine d'écran
connectés aux outils, bases de données et juke box vidéos pertinents, ainsi
qu'un programme d'une vingtaine d'événements par mois.
Une de ses particularités est
d'être co-animée par des partenaires qui ont mis là ensemble leurs ressources
pour répondre à un besoin social commun : il s'agit d'une mutualisation de moyens
au service d'une meilleure insertion et évolution professionnelle des
individus. Cette plate-forme remplit trois fonctions nécessaires et
complémentaires aux réseaux des services de l'emploi, de la formation et de
l'orientation. En amont, elle est à la fois aiguillage et vitrine ; en aval,
elle est "service consommateur". Elle n'assure pas de suivi
individuel, l'usager restant intégralement propriétaire de ses démarches. La
cité des métiers complète donc les lieux habituels des réseaux, comme les Centres
d'Information et d'Orientation (CIO), les agences locales pour l'emploi, les
missions locales, les centres de bilan et autres points "entreprendre en
France" sans pour autant faire double emploi. En offrant des prestations
spécifiques en amont et en aval, elle se différencie radicalement du
traditionnel concept de "guichet unique", qui, lui, réunit en un même
lieu les services habituels des différents réseaux, dans une simple logique de
regroupement géographique de prestations ordinaires. La dizaine d'institutions
et la cinquantaine de personnes qui co-animent la cité des métiers (soit
environ vingt cinq équivalents plein temps de conseillers face public)
développent donc de nouvelles façons de travailler et de nouvelles compétences,
qui transforment les conditions d'exercice des métiers traditionnels des divers
conseillers à la vie professionnelle[1].
En ouvrant cette cité des
métiers, la CSI s'est donc située dans la logique d'élargir son offre pour
favoriser l'intérêt du plus large public pour la culture STI, et l'on observe
bien que la cité des métiers fait venir à l'intérieur de la CSI des publics qui
ne la fréquentait pas précédemment. Mais la cité des métiers a aussi la vertu
de compléter pour tous les publics les contenus STI de la CSI et de les
illustrer concrètement : Ceux qui viennent par curiosité, dans une
approche culturelle ou même de loisir, pour visiter expositions ou consulter les
ressources de la médiathèque y trouvent eux-aussi l'occasion de réfléchir aux
impacts de ces évolutions sur leur vie professionnelle. Faire comprendre
l'importance de se préparer aux évolutions et d'anticiper les changements est
un objectif qui concerne l'ensemble des catégories de publics. Ainsi, du point
de vue de l'action culturelle STI, la cité des métiers remplit un double rôle
symétrique. Dans un sens, elle fait venir à la CSI des publics qui ne viendrait
pas sans elle et dans l'autre elle amène les publics habitués des lieux
culturels à s'interroger sur leur avenir professionnel et à anticiper les
changements plutôt que les subir.
4. la cité des métiers
est-elle vraiment à sa place ?
A sa création en 1986, la CSI
avait d'abord déployé ses moyens pour répondre principalement à deux
missions : être un lieu de loisir touristique et culturel ainsi qu'un
outil complémentaire de l'éducation initiale. La CSI s'était ainsi conformée
aux missions traditionnelles d'un musée STI. Depuis, avec la cité des métiers,
l'établissement s'est donné explicitement une mission complémentaire, celle
d'être utile en terme d'insertion et d'orientation professionnelles. Cette
troisième ambition rejoint celle du Conservatoire National des Arts et Métiers
qui dès sa naissance en 1793 prenait en compte cette logique de développement
et d'anticipation professionnels. Pourtant, la question est quelquefois posée
de savoir si la CSI ne devrait pas plutôt proposer une approche plus
circonscrite de la vie professionnelle. Certains interlocuteurs suggèrent ainsi
que la CSI devrait se limiter en la matière à une simple présentation des
métiers scientifiques et techniques au lieu de s'intéresser sans exclusive à
toutes les professions ; d'autres pensent que l'activité "trouver un
emploi", même conduite et financée par une équipe de l'ANPE, n'a pas
vraiment sa place à la CSI. De telles questions touchant le sens et la finalité
des politiques culturelles STI ne doivent bien sûr pas être éludées.
A l'expérience, il parait bien
illusoire de pouvoir présenter les évolutions STI de la vie professionnelle en
se limitant à telle ou telle catégorie de métiers : aujourd'hui en effet,
l'impact des évolutions se fait ressentir dans l'ensemble des professions ; les
bouleversements dus aux progrès techniques ont certes d'abord touché
l'industrie et l'agriculture, mais aujourd'hui c'est l'ensemble du tertiaire,
et au premier chef les administrations, le commerce, les services,
l'enseignement qui se transforme en profondeur sous l'impact de la bureautique
et des réseaux informatiques. C'est aussi la nature même du travail et de sa
place de constituant de l'identité personnelle qui est mise en cause et l'on
voit mal une CSI omettant de se faire l'écho de telles révolutions. Il parait
de même difficile de se contenter de présenter l'évolution du travail, des
professions et des métiers sans s'intéresser au marché de l'emploi. Il serait
certes possible de se contenter de fournir quelques éléments généraux et ne pas
donner accès aux bases de données d'offres d'emploi, mais, rien que d'un point
de vue purement pédagogique, nul ne défendrait un tel choix. Resterait de toute
façon à justifier pourquoi se refuser l'opportunité de fournir informations,
conseils et modes d'emploi utiles aux individus, alors que l'insertion et
l'évolution professionnelle sont déclarées comme étant les premières priorités
sociales.
5.
Pourquoi de tels équipements ne
sont-ils pas plus fréquents ?
L'existence de la cité des
métiers dans la CSI amène aussi à se poser d'autres questions. Pourquoi de tels
équipements ne sont-ils pas plus fréquents ? Ne devrait-il pas y avoir de
multiples dispositifs de sensibilisation, d'information, voire d'élaboration de
parcours professionnels en complément des réseaux et systèmes curatifs où l'on
ne se rend hélas que sur prescription, et encore à reculons ? Pourquoi
d'ailleurs ce lieu s'est il développé dans la CSI ? Sans doute peut-on penser
que c'est dans la nature même de l'établissement CSI que se trouve une partie
de la réponse à ces questions. La CSI a en effet le mérite d'être un grand
établissement national, indépendant des différents acteurs de l'insertion et de
l'orientation. Peut être est-ce cette indépendance et sa mission culturelle
nationale qui lui a permis de faire mutualiser besoins et ressources pour
ouvrir la cité des métiers. On peut d'ailleurs aussi penser que c'est cette
nature particulière de la CSI qui a permis de construire un espace centré sur
les besoins des usagers et non sur les prestations et autres mesures ; de là
découle peut-être les différences d'ergonomie et de conception avec ce que l'on
a l'habitude voit d'habitude sur le terrain de l'insertion.
A l'expérience, il semble bien
que le problème de maîtrise d'ouvrage soit crucial dans la mise en oeuvre de
telle alliance. Reste alors à se demander si les nouvelles médiathèques
publiques qui ouvrent leurs portes dans les grandes métropoles ne
constitueraient pas dans cette logique de bon maîtres d'ouvrage et ne devraient pas, presque par construction, comprendre
des espaces de service à la vie professionnelle ? Toujours est-il que ce
concept a suscité l'intérêt de plusieurs partenaires territoriaux qui s'en
inspirent pour créer des plates-formes respectant les mêmes principes (voir
encadré ? et article essaimage).
Encadré essaimage
Une quinzaine d'équipes projets inter-institutionnelles se sont
constituées, comme à Nîmes, dans les côtes d'Armor et dans plusieurs villes
italiennes. Parallèlement, la CSI a formalisé le concept de cité des métiers en
créant un label, correspondant au respect d'une charte et d'un cahier des
charges, attribué par un comité de labellisation. Dans ces documents, une cité
des Métiers se définit comme un lieu multi-publics, multi-partenaires,
multi-usages (tous les modalités de consultations et d'information) et
multi-thèmes (tous les aspects de la vie professionnelle, tous les secteurs).
Ils précisent également qu'elle doit être centrée sur les usagers et en accès
libre et gratuit. Le label "cité des métiers en projet" a été
attribué en décembre 1997 au projet de Nîmes et du Gard, et en janvier 1998, à
celui des côtes d'Armor. L'ouverture au public de ces deux plates-formes est
prévue avant le début de l'année 1999[2].
6. La cité des métiers
joue-t-elle vraiment le rôle de passerelle culturelle ?
La cité des métiers se propose
d'atteindre deux types d'objectifs complémentaires. D'une part, elle doit être
directement utile à ses usagers, en les rendant plus acteurs de leur vie
professionnelle (voir les articles de xx et yy) ; d'autre part, elle se propose
de les amener dans une logique d'anticipation et de développer leur curiosité
culturelle.
Pour clarifier la situation
par rapport à cette seconde ambition, on peut découper ce rôle de marche-pied
culturel en trois fonctions complémentaires.
Une première fonction consiste
à aider les usagers à considérer plus que l'urgence. Venant pour trouver un
emploi ou une formation, un usager devrait pouvoir aussi entreprendre une
réflexion à plus long terme comme changer sa vie professionnelle ou créer son
activité par exemple. Dans les faits, on observe que les usagers sont très nombreux
à faire des allers et retours entre plusieurs pôles, lors d'une ou plusieurs
venues à la cité des métiers. C'est sans doute au moins autant les entretiens
avec les conseillers que la lisibilité des pôles qui favorise ce passage de
l'urgence à la construction d'un projet à plus long terme.
Contrairement à ce passage du
court au long terme, de l'urgence à une construction de projet qui concerne
l'offre interne à la plate-forme, la deuxième fonction "culturelle"
consiste à donner aux usagers l'envie et les moyens de se documenter et de
chercher "ailleurs". A la CSI, il s'agit particulièrement de les
inciter à franchir un couloir et à utiliser les ressources de la médiathèque
(revues, annuaires et études professionnelles, rapports d'activités et bien sûr
documentation technique). Pour ce faire, une brochure est distribuée qui fait
le lien entre les préoccupations individuelles et les différentes ressources
documentaires de la CSI ; sous le nom d'ILE (pour Identifier, Localiser et
Elargir ses recherches), elle sera bientôt doublée d'un système de recherche
informatisé. Actuellement, un usager de la cité des métiers sur trois utilise
aussi la médiathèque.
Quant à la troisième fonction
culturelle, c'est celle qui pourrait conduire les usagers à découvrir et
utiliser l'ensemble des ressources d'un aussi grand centre STI que la CSI, en
particulier les expositions. La cité des métiers n'est que la porte d'entrée et
au delà, les choses sont plus compliquées, et ce pour au moins deux raisons.
D'une part, les expositions sont payantes et d'autre part le lien d'utilité
n'est pas immédiat. Cela implique qu'il faut baliser le chemin qui conduit
depuis la plate-forme dont l'intérêt personnel est évident aux ressources
proprement "culturelles". Dans ce travail, force est de constater que
nous n'en sommes aujourd'hui qu'aux balbutiements. Fonctionne d'ores et déjà
une "université ouverte de la société de l'information et des
réseaux" sur financement FSE. Sur le thème de la transformation de la vie
professionnelle et de la formation par l'informatique et les réseaux, elle se
propose de faire le lien entre les préoccupations individuelles, les
expérimentations et les travaux d'experts (voir encadré ?). Signalons
aussi, cette fois pour des publics collectifs (SIFE et jeunes sans
qualification), un programme de soixante "segments d'initiation aux
nouvelles technologies" de trois jours chacun par an (voir encadré ?).)
encadré université ouverte de la société de l'information et des
réseaux
A l'occasion de l'exposition "nouvelle image,
nouveaux réseaux, passeport pour le cyber monde", la CSI a profité du
programme d'initiative ADAPT du Fonds Social Européen pour mettre en place une
"université ouverte de la société de l'information et des réseaux".
Ce dispositif se propose de sensibiliser et de diffuser largement les
informations et les questions vives sur les transformations du travail, des
professions, de l'emploi et de la formation professionnelle induites par le
développement des nouvelles technologies de communication.
faire le lien entre les préoccupations individuelles et
les travaux d'experts
Cette question recouvre deux aspects complémentaires.
D'une part, les interrogations individuelles se multiplient, tant sur l'avenir
de chaque profession que sur les possibilités de formation professionnelle ;
d'autre part, nombreux sont les partenaires sociaux, les acteurs et les
pouvoirs publics qui se dotent de systèmes d'observation, voire d'anticipation
des évolutions. Nombreux sont aussi les acteurs de la formation qui mettent en
place de nouveaux systèmes de formations plus ouverts. Lier ces deux aspects,
préoccupations individuelles et travail prospectif est indispensable, en
particulier pour permettre à chacun de s'orienter et de se former tout au long
de sa vie. Permettre ce lien est l'ambition de cette université ouverte. Il ne
suffit certes pas de proclamer une telle finalité pour la réaliser. Il pourrait
même sembler utopique de prétendre, par un seul dispositif, faire le lien entre
"le grand public" et les experts. Atteindre ce but nécessite en
réalité de développer plusieurs approches parallèles : ainsi, les débats
sont-ils accessibles au plus large public, mais y participent également des
relais d'opinion, des conseillers professionnels et des partenaires sociaux ; ainsi
le dispositif parie-t-il sur la mise en place progressive d'un système de
dissémination des contenus par les multiples acteurs concernés.
Concrètement, le coeur de l'université ouverte est un double cycle
de rencontres et ateliers en visioconférences relayé par des réseaux
informatiques[3] en liaison avec des médias
spécialisés (en particulier la chaîne Demain ! du bouquet CanalSat). Un premier
volet s'intéresse la formation professionnelle ; mélangeant démonstration de
dispositifs et débats, il aborde les questions liées aux transformations de
l'appareil de formation liées aux nouvelles technologies de l'information et de
la communication, en particulier les formations ouvertes et à distance,
l'accessibilité de la formation, la validation, le contrôle, le financement. Le
Forum Français pour la Formation Ouverte et à Distance a été chargé de sa mise
en _uvre . Un second volet propose de débattre sur l'évolution des professions
et du travail au cours d'une série de conférences, certaines intersectorielles,
d'autres plus spécialisées. Un cabinet Luxembourgeois spécialisé "Etudes
et Formation" en assure la mise en oeuvre. L'ensemble de ces événements
est d'accès libre et gratuit et l'ensemble des productions (textuelles, audios
et vidéos) sont diffusées libres de droits. Un large appel est lancé à tous les
organismes qui souhaitent s'associer à cette université ouverte. En effet, le
succès réel de cette opération tiendra surtout à sa capacité à mobiliser les
acteurs qui partagent ses objectifs. Ainsi s'inscrira-t-elle dans les réseaux
existants, les dynamisera-t-elle et peut-être même les fera-t-elle bourgeonner
pour assurer de nouveaux liens entre publics-citoyens et experts.
Encadré segments (à récrire)
Un dispositif a été mis en place depuis 1992 pour co-traiter dans
cet esprit des "segments d'initiation aux nouvelles technologies" (85
actions en 1998) de quelques jours s'inscrivant dans la commande publique des
modules de formation professionnelle SIFE et dispositif jeune. Il est financé
par la DDTEFP de Paris pour les adultes (SIFE) et par le CRIF pour les jeunes.
L'opérateur en est le GRETA-GEPS qui
finance trois équivalents-plein temps sur cette action et nous achète la
billetterie.
D'autres outils sont en cours
de mise en place pour consolider ce chaînon fragile entre construction de
projet professionnel et acculturation technique et scientifique. C'est ainsi
que des parcours audio-guidés sont testés : ils permettront d'écouter des
témoignages sur la vie et les évolutions professionnelles tout en se trouvant
en situation dans les expositions. Sont prévus aussi bien des parcours par
secteurs (automobile, métiers du son) que par problématiques ou thématiques
(créer son activité, arts et techniques). Est également en projet une
"école de l'initiative" : il s'agira d'un ensemble d'ateliers, de
parcours et de forum-débats dans les expositions qui permettront d'aider à
faire avancer des initiatives individuelles de création d'activité.
Plus globalement, nous
travaillons sur l'idée de proposer à la CSI une "université ouverte"
qui permettrait de se construire sur plusieurs mois, en fonction de ses
objectifs, un parcours à la carte dans l'ensemble des ressources CSI. En amont
des cycles habituels de promotion sociale ou de formation continue, elle
pourrait permettre à ceux qui hésitent à en franchir le pas de se remettre le
pied à l'étrier. Pour ce faire, en plus des expositions, événements, ateliers,
lieux documentaires, didacthèques et autres bibliographies, elle devra proposer
un bureau d'aide au choix de parcours. Sans doute est-ce seulement au prix d'un
tel dispositif qu'un véritable objectif d'acculturation STI sera atteint.
7. Comment marier l'action
culturelle STI et les dispositifs d'insertion
L'histoire a fait qu'à La
Villette, la cité des métiers vise deux finalités à la fois. D'une part celle
d'être une plate-forme multipartenariale d'insertion et d'évolution
professionnelle et d'autre part celle de servir de porte d'entrée vers la
développement culturel STI. De l'extérieur, cette double ambition est difficile
à saisir et à séparer . Elle obscurcit quelquefois des volontés
d'essaimage de la cité des métiers et la mise en place de certains projets de
plate-forme sont brouillés par l'inscription de celle de La Villette dans des
objectifs plus vastes.
Il s'agit bien de deux niveaux
projets différents et sur le terrain, on retrouve d'ailleurs les deux types:
certains se fixent de purs objectifs d'insertion et d'orientation (comme Nimes,
Belfort ou Strabourg) et d'autres, souvent nés dans un contexte de culture STI
(Milan et à un degré moindre Cotes d'Armor) , reprennent les deux niveaux
d'objectifs. La vérité est qu'aujourd'hui la disparition du vieux système
implicite d'imprégnation et d'héritage professionnel pose simultanément le
problème de la culture technique et celui de l'insertion (voir article olv ?)
et qu'il a urgence à définir plus rigoureusement les objectifs des politiques
culturelles dans ces domaines.
[1] Le monde (supplément
initiatives) 17 juin 1998 : la cité de la Villette renouvelle les pratiques
d'orientation
[2] Voir le monde (supplément
initiatives) du 3 juin 1998 : un service public "nouvelle génération, la
cité des métiers essaime en France et à l'étranger
[3] Le programme détaillé ainsi que les
synthèses de l'université ouverte de la société de l'information et des réseaux
sont disponibles sur les sites internet suivant : http//www.cite-sciences.fr
(rubrique cité des métiers) et sur http//www.ardemi.fr/fffod. Infos par fax au
01 42 05 59 55.